L’UNESCO trinque à la mémoire du saké... malgré son déclin

Actu Par Thomas Vignau -

C’est une reconnaissance de taille pour le Japon : le saké, boisson traditionnelle emblématique du pays, vient d’être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (et ce n’est pas la seule boisson !). Cette consécration arrive à un moment où la boisson perdait de son influence avec notamment une forte baisse des consommations.

saké, UNESCO, Japon news

C’est quoi exactement le saké ?

Les origines du saké remontent à plus de 2 000 ans. Cette longue histoire a fait du saké bien plus qu’une simple boisson, il est le reflet d’un savoir-faire transmis de génération en génération.

Longtemps surnommé à tort “vin de riz”, le saké est en réalité une boisson fermentée, élaborée selon un procédé complexe mêlant eau, riz poli, levure et kōji (un champignon microscopique qui joue un rôle clé dans la transformation des amidons en sucre). Contrairement aux idées reçues, le breuvage possède entre 14 et 18 degrés d’alcool. Bien moins que ce que l’on met en scène, notamment dans les films.

Une boisson au centre de la culture japonaise

Au Japon, le saké est plus qu’une simple boisson de fin de repas. Il est profondément aux grandes étapes de la vie et aux célébrations religieuses. Il est offert aux divinités shintoïstes, partagé lors des mariages traditionnels, et trinqué lors du Nouvel An.

Cette dimension symbolique et sacrée a largement pesé dans la décision de l’UNESCO, qui voit dans le saké un marqueur fort de l’identité japonaise. Son inscription vise à protéger et valoriser ces pratiques qui risquent de se perdre, notamment face à la montée d’autres alcools dans le pays comme le vin ou la bière.

Préserver un patrimoine national en danger

Si le saké bénéficie de l’influence de l’UNESCO, il connaît depuis plusieurs décennies un déclin préoccupant. La consommation intérieure s’est effondrée, divisée par quatre en 50 ans.

La boisson la plus emblématique du Japon est notamment victime de la concurrence de la bière, du vin ou des spiritueux internationaux, mais aussi du désintérêt d’une partie de la jeunesse nipponne. Il faut rappeler que la consommation d’alcool baisse à l’échelle mondiale (la France avec le vin connaît le même déclin).

Ce classement tombe donc à point nommé. Il offre une nouvelle visibilité à ce produit d’exception, et pourrait relancer son attractivité sur la scène mondiale. D’autant que d’autres boissons japonaises rejoignent également l’UNESCO : le shōchū, le mirin ou encore l’awamori, tous issus de la fermentation du riz, ont été distingués aux côtés du saké.

Une reconnaissance collective qui met en lumière la richesse de ses traditions. Il est certain que le tourisme autour du saké va se développer encore davantage dans les prochaines années.