219 attaques d'ours, 1 mort : le Japon bat tous les records et le gouvernement s'organise
Face à une multiplication sans précédent des intrusions et attaques d’ours (marquée par un mort cet été), le Japon tente d’équilibrer sécurité publique et protection de la faune sauvage. Une mesure forte a été prise : réintroduire la chasse pour faire face à la hausse d’ours noirs dans certaines régions.

Un mort cet été et la peur des habitants
Cet été, un drame survenu dans la région d’Hokkaido a marqué les esprits au Japon . Un randonneur a perdu la vie après avoir été attaqué par une ourse accompagnée de ses deux petits. Si l’épisode reste exceptionnel en montagne, où les ours bruns ont tendance à fuir les humains, il illustre la multiplication inquiétante des rencontres entre ours et habitants dans les zones rurales, voire urbaines.
Les spécialistes rappellent que les attaques mortelles restent rares. En revanche, les intrusions d’ours dans les villages, quartiers résidentiels ou même établissements scolaires suscitent une inquiétude grandissante. À l’approche de l’automne, période où les ours cherchent activement de la nourriture avant l’hibernation, la vigilance est maximale.
Septembre et octobre sont traditionnellement les mois les plus critiques car les animaux descendent vers les plaines en quête de baies ou de glands. Cette année, les récoltes de faînes s’annoncent particulièrement mauvaises, réduisant une source d’alimentation essentielle et augmentant le risque de rencontres dangereuses.
Des chiffres records d’observations
Le constat est sans appel : entre avril et juillet 2024, plus de 12 000 observations d’ours noirs ont été signalées dans l’archipel, du jamais-vu depuis le début des relevés en 2009. Durant la même période, 48 personnes ont été blessées, un chiffre stable par rapport aux années précédentes mais qui ne rassure pas les habitants.
Sur douze mois, le pays a même recensé 219 attaques, dépassant les totaux annuels habituellement enregistrés en Amérique du Nord, en Europe et en Russie réunis. Les images d’ours rôdant dans les rizières, s’aventurant dans les banlieues ou même apparaissant dans un supermarché de la préfecture d’Akita circulent largement dans les médias japonais.
Une réponse politique et sociale
Face à cette situation, le gouvernement a réuni début septembre le ministère de l’Environnement et plusieurs agences locales afin d’élaborer une réponse coordonnée. L’objectif est d’organiser les campagnes de prévention et encadrer l’application de la nouvelle loi permettant l’abattage en zone urbaine.
Mais au-delà de la question sécuritaire, le phénomène interroge sur l’équilibre fragile entre l’homme et la faune sauvage. Les spécialistes soulignent l’effet combiné du réchauffement climatique, qui perturbe les cycles alimentaires, et de la croissance démographique des ours, mieux protégés depuis plusieurs décennies.
Les Japonais doivent s’habituer à voir les ours franchir les frontières de leur quotidien. Si certains veulent abattre les ours, (comme les pauvres cervidés du parc de Nara pourtant bien moins dangereux), d’autres pensent à leur préservation et souhaitent trouver des mesures plus respectueuses.