Et si les avocats sauvaient le Japon de la crise climatique ?
Alors que le Japon fait face à une crise climatique de plus en plus sévère, l’agriculture est mise à mal. Le riz, symbole du pays, souffre du dérèglement des saisons, des températures extrêmes et de la rareté croissante de la main-d’œuvre. Heureusement, un fruit tropical inattendu pourrait redonner espoir aux agriculteurs : l’avocat.

L’avocat, star du Mexique et bientôt reine du Japon ?
L’image peut surprendre. Longtemps considéré comme exotique, l’avocat, aliment star du Mexique, pourrait devenir une nouvelle spécialité japonaise. La préfecture de Shizuoka, traditionnellement reconnue pour ses agrumes, notamment le mikan, voit de plus en plus d’agriculteurs expérimenter la culture d’avocats pour tenter de survivre. La raison ? Le réchauffement climatique élargit les zones propices à sa culture au Japon.
Face à des conditions agricoles de plus en plus instables, l’avocat apparaît comme une opportunité à saisir pour les agriculteurs. Non seulement il répond à une demande croissante des consommateurs japonais, mais il pourrait aussi devenir une alternative rentable pour les producteurs en difficulté.
Des aides pour développer la culture de l’avocat
Consciente du potentiel, la préfecture de Shizuoka a décidé de passer à l’action. En avril dernier, elle a lancé un programme de soutien à la culture de l’avocat. Près de 18 millions de yens ont été alloués à la recherche agronomique et à l’élaboration de guides de bonnes pratiques.
L’objectif est bien de former une nouvelle génération d’avocatiers japonais d’ici trois ans.
Ce pari sur l’avenir montre la volonté des autorités locales d’anticiper les mutations climatiques, tout en offrant aux agriculteurs une piste de diversification durable.
Pourquoi l’avocat ?
Le choix de l’avocat ne relève pas du hasard. Sa consommation explose au Japon depuis les années 2000. Qualifié de « superaliment », riche en fibres et en vitamines, il a conquis les assiettes, des sushis aux tartines du petit déjeuner. En 2020, le pays a importé près de 80 000 tonnes d’avocats, principalement du Mexique. La culture d’avocats à l’intérieur du pays répondra donc à une demande bien présente.
En cultivant localement, le Japon espère ainsi réduire sa dépendance aux importations tout en répondant à un marché en pleine croissance. L’avocat à la place du riz ? Pas forcément, mais ils pourraient bien se compléter.
Un pari risqué pour l’avenir
Attention tout de même, si l’espoir persiste, le pari est encore loin d’être gagné. Le Japon reste exposé à des hivers rigoureux. Une chute soudaine de température pourrait anéantir une récolte entière. Les spécialistes estiment qu’une baisse de seulement 6 degrés suffit pour perdre toute une récolte. De plus, se lancer dans cette nouvelle culture représente un investissement conséquent pour les agriculteurs.
Ces derniers mois, l’avocat incarne un pari audacieux. Mais à l’heure où l’agriculture japonaise cherche un second souffle, il pourrait bien être une occasion en or de stabiliser enfin une agriculture à bout de souffle.