Le Mont Fuji : tout savoir de ce sommet unique, symbole éternel du Japon
Symbole intemporel du Japon, le Mont Fuji fascine autant qu’il impressionne. Icône sacrée aux lignes parfaites, il attire chaque année des millions de visiteurs en quête de panoramas spectaculaires ou de l’ascension mythique de son sommet. Entre spiritualité, aventure et contemplation, découvrez comment approcher ce géant japonais au plus près… ou à distance.

Sommaire
Un emblème majestueux au cœur du Japon
Le mont Fuji, volcan conique couronné de neiges éternelles, offre une silhouette parfaitement symétrique immédiatement reconnaissable.
Dominant les paysages du Japon du haut de ses 3 776 mètres, Fuji-san est plus qu’une montagne : c’est un emblème national et spirituel. Il est considéré comme la montagne sacrée la plus vénérée du pays, et il représente l’image symbolique du Japon aussi bien pour ses habitants que dans le monde entier. C'est un incontournable si vous prévoyez un séjour au Japon.
Sa beauté majestueuse a inspiré d’innombrables œuvres d’art – et poèmes qui ont diffusé son aura universelle. Pour les Japonais, apercevoir Fuji au loin par temps clair suscite toujours une émotion particulière, tant ce volcan incarne l’âme et la fierté de l’archipel.
Un succès touristique qui a des conséquences
Cette popularité exceptionnelle a son revers. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2013, le mont Fuji est victime de son succès au point d’être menacé par le surtourisme.
L'évolution du tourisme

On comptait ainsi plus de 5 millions de visiteurs annuels rien qu’à la célèbre « 5ᵉ station » routière en 2019 (point d’accès principal en milieu de montagne), soit une fréquentation ayant doublé en sept ans. L’été 2023 a établi un nouveau record avec près de 65 000 randonneurs en un seul mois de juillet gravissant le sommet. Au total c'est 300.000 grimpeurs qui atteignent le sommet chaque année d'après Le Mont Fuji Climbing Official.
Ces foules entraînent embouteillages sur les sentiers, pollution et infrastructures saturées. Face à la situation, les autorités japonaises ont récemment pris des mesures inédites pour réguler l’ascension de ce site sacré.
Des conséquences inévitables
Dès l’été 2025, l’accès au Fuji est strictement encadré : mise en place d’un droit d’entrée obligatoire (4 000 yens, environ 25 €) au lieu de la simple donation symbolique d’autrefois, réservation en ligne obligatoire pour la voie principale et quota journalier de randonneurs, ainsi qu’un couvre-feu nocturne visant à limiter les ascensions improvisées.
L’objectif est de protéger la montagne et d’assurer que seuls des visiteurs bien préparés s’y engagent : « Pas de polaire ? Pas de Fuji ! » préviennent désormais les gardes du parc, rappelant qu’une tenue adéquate est de rigueur.
Mythes et réalités autour du Mont Fuji
Mythe 1 : la station de ski

Contrairement à certaines idées reçues, le mont Fuji n’est pas une destination de ski alpin. Certes, deux petites stations de ski existent sur ses pentes inférieures, mais la montagne elle-même ne se descend pas à ski dans des conditions touristiques normales.
Seuls quelques alpinistes chevronnés s’attaquent à ses pentes en hiver, hors saison, lorsque Fuji se couvre intégralement de neige et de glace.
Mythe 2 : volcan inoffensif ou ultra actif ?

De même, beaucoup s’étonnent de savoir que Fuji est toujours un volcan actif – bien qu’endormi. Sa dernière éruption en date remonte à décembre 1707 (éruption dite Hōei), qui recouvrit de cendres la plaine de l’Edo d’alors.
Depuis plus de trois siècles, le géant se repose et n’a plus montré de signe éruptif notable, mais les volcanologues continuent de le surveiller de près en raison des risques potentiels.
Fuji demeure ainsi un volcan vivant, symbole paisible mais puissant, autour duquel gravitent autant de légendes que de précautions bien réelles.
Le mois dernier, la division de prévention des catastrophe du gouvernement métropolitain de Tokyo a publié une simulation vidéo de ce que pourrait donner une éruption du Mont Fuji en 2025. Le but : sensibiliser les habitants sur le caractère encore actif du volcan.
Un peu d'histoire : un volcan entre ascensions et légendes

L'ascension du Mont Fuji à travers les âges
Depuis des millénaires, le Fuji fascine et inspire un profond respect. Dans l’Antiquité japonaise, il était tenu pour une montagne sacrée, objet de cultes shintō et bouddhistes. La première ascension connue du mont Fuji aurait eu lieu en l’an 663, réalisée par le moine bouddhiste En no Gyōja dans le cadre d’un pèlerinage spirituel.
Pendant des siècles par la suite, gravir Fuji relevait d’un acte religieux réservé à une élite de pèlerins ascètes. D’ailleurs, le shintoïsme interdisait l’ascension aux femmes – jugées « impures » en raison des tabous liés au sang – afin de préserver la pureté du lieu sacré.
- 1832 : malgré cet interdit, quelques femmes courageuses bravèrent la tradition, telle Takayama Tatsu qui, déguisée en homme, atteignit le sommet.
- 1860 : ce n’est qu’avec la modernisation de l’ère Meiji que les mentalités évoluent : l’accès fut partiellement ouvert aux Japonaises jusqu’à une certaine altitude.
- 1867, l’exploit de l’alpiniste britannique Fanny Parkes, première femme étrangère à pénétrer sur le volcan aux côtés de son époux diplomate, fit sensation.
- 1872 : constatant qu’aucune calamité ne s’abattait pour autant sur le pays, les autorités levèrent définitivement l’interdiction, permettant aux femmes de fouler librement le Fuji-san. Parallèlement, le mont Fuji s’est ouvert au monde extérieur.
- 1860 : le premier Occidental à en réussir l’ascension fut l’Anglais Sir Rutherford Alcock, profitant de l’ouverture du Japon aux étrangers à la fin de l’époque Edo.
Au fil du temps, la montagne a vu défiler des alpinistes de tous âges et de tous horizons, cherchant à inscrire leur nom dans son histoire, comme Jeel, cette YouTubeuse qui a filmé tout son périple dans une vidéo vues plus de 500.000 fois !
Le record récent d'un Japonais centenaire !
En Août 2025, le Japonais Kokichi Akuzawa a établi un record en devenant, à 102 ans, la personne la plus âgée à atteindre le sommet du mont Fuji.
Cet alpiniste centenaire – déjà recordman à 96 ans – a prouvé que la passion du Fuji pouvait transcender les générations. Après trois mois d’entraînement intensif, il a gravi la montagne accompagné de sa fille septuagénaire et de ses petits-enfants, illustrant de façon émouvante le lien intergénérationnel que les Japonais entretiennent avec leur volcan.

Guide pratique : ascension du Fuji-san
1. Une aventure accessible mais qui nécessite préparation

L’ascension n’est possible dans de bonnes conditions que quelques semaines par an. En effet, la saison officielle d’ouverture des sentiers va généralement du 1er juillet à fin août.
En dehors de cette période estivale, la montagne est frappée par des conditions hivernales extrêmes (neige, vents glacés) rendant la progression très dangereuse voire interdite aux randonneurs amateurs.
La grande majorité des 300 000 grimpeurs annuels s’élancent donc durant l’été, quand des refuges de montagne ouvrent et que des navettes permettent de monter en bus jusqu’à la 5e station.
2. La 5e station

Cette « 5e station », située aux environs de 2 300 m d’altitude, marque le début réel de l’ascension pédestre pour la plupart des visiteurs.
A noter : c’est le dernier point accessible par la route : on y trouve des parkings, des boutiques et des sanctuaires, et c’est là que l’on s’acclimate avant d’attaquer les pentes supérieures.
4 voies principales partent de cette zone pour rejoindre le sommet : le sentier Yoshida (également appelé Kawaguchiko, versant nord) est de loin le plus fréquenté, suivi des sentiers Subashiri (est), Gotemba (sud-est) et Fujinomiya (sud-ouest).
Chacun emprunte un versant différent du volcan, avec des variantes, mais tous sont découpés en paliers (“stations”) numérotés de 1 à 10 – le 10ᵉ palier correspondant au cratère sommital.
3. A quel moment se lancer dans l'ascension du Mont Fuji ?

La plupart des randonneurs partent en début d’après-midi ou en soirée pour effectuer la montée de nuit et atteindre le sommet au lever du soleil, un rituel connu sous le nom de Goraikō (l’« apparition de la lumière » divine à l’aube).
Ce lever de soleil au sommet du Fuji est un spectacle inoubliable que beaucoup visent, mais il implique souvent de marcher de nuit.
D’autres choisissent de dormir dans un refuge en cours de route (généralement vers la 7e ou 8e station) pour couper l’effort en 2 jours – une option prudente si vous n’êtes pas habitué aux longues marches.
4. Distance, durée et difficulté

Ne vous fiez pas à la forme conique parfaite de Fuji : l’ascension est longue et exigeante, même si elle ne présente pas de difficulté technique majeure. Depuis la 5e station, il reste environ 1 500 m de dénivelé positif à gravir, sur des pentes de plus en plus raides et un terrain volcanique souvent sableux ou rocailleux.
Selon votre condition physique et l’itinéraire choisi, la montée demande entre 5 et 8 heures d’effort, et la descente entre 3 et 5 heures.
Un randonneur moyen met environ 6 heures pour atteindre le sommet en partant de nuit, ce qui a donné lieu à la pratique du « bullet climbing » – littéralement ascension-balle, c’est-à-dire sans pause ni sommeil.
Cette montée express en une traite (souvent ~6 h de marche continue) est tentante pour les plus pressés, mais les autorités la déconseillent fortement. En effet, marcher toute la nuit sans repos expose à de sérieux risques : on sous-estime le froid intense qui règne en altitude la nuit et le manque d’oxygène vers 3 000–3 700 m peut provoquer des malaises (maux de tête, nausées du mal des montagnes).
5. L'ascension du Mont Fuji est-t-elle dangereuse ?

Durant l’été 2023, on a recensé une soixantaine d’interventions de secours rien que sur le versant de Shizuoka, principalement pour des cas d’hypothermie ou de détresse liés à l’altitude, en forte hausse à cause de ces ascensions nocturnes improvisées.
Au sommet, même en plein été, la température descend fréquemment sous 0 °C la nuit, et les vents violents peuvent renforcer le froid ressenti. Il n’est pas rare de voir des randonneurs mal équipés grelotter dès la tombée du soir.
6. Conseils pour arriver sans encombres au sommet

Équipez-vous sérieusement : chaussures de montagne, plusieurs couches de vêtements chauds, bonnet, gants, lampe frontale, sans oublier de l’eau et quelques encas énergétiques.
Avec une bonne préparation physique (une endurance correcte suffit) et du matériel adéquat, l’ascension du mont Fuji reste à la portée de nombreux voyageurs, y compris des débutants motivés, pour peu qu’ils gravissent à leur rythme.
N’oublions pas qu’un octogénaire en forme ou même un enfant peuvent croiser votre chemin vers le sommet : chaque année, environ 30% des grimpeurs ne sont pas Japonais mais viennent du monde entier partager cette aventure mythique aux côtés des locaux.
7. Permis, coûts et nouvelles régulations

S’attaquer au toit du Japon ne s’improvise plus tout à fait comme autrefois. Depuis 2025, des règles strictes ont été instaurées pour préserver Fuji-san et améliorer la sécurité.
- L’accès aux sentiers est désormais payant : chaque aspirant doit s’acquitter d’un droit d’entrée de 4 000 yens (environ 25 €) avant de pouvoir entamer l’ascension.
- Cette redevance est devenue obligatoire, financant l’entretien des sentiers, des refuges et la protection de l’environnement fragile du volcan.
- La préfecture de Yamanashi a mis en place un système de réservation en ligne pour emprunter la voie la plus courue (le sentier Yoshida côté nord). Le nombre de randonneurs y est désormais limité à 4 000 par jour afin d’éviter la surfréquentation.
- Il est impératif de réserver son créneau à l’avance en haute saison, sous peine de se voir refuser l’accès aux barrières de contrôle.
- Lors de la réservation, les grimpeurs doivent en outre signer une « charte du randonneur » par laquelle ils s’engagent à respecter la montagne, à redescendre avec leurs déchets et à être correctement équipés (chaussures de marche, vêtements chauds, etc.).
- Notez enfin qu’il est conseillé de prévoir un peu de liquidités lors de l’ascension : l’usage des toilettes sur le parcours est payant (quelques dizaines de yens), tout comme l’éventuel remplissage d’oxygène en bouteille ou une nuitée en refuge (dont les tarifs oscillent autour de 6 000 à 8 000 ¥ sans repas).
Le mot de la fin, le Mont Fuji un must-see !
Qu’on le contemple de loin ou qu’on s’élance vers son sommet, le Mont Fuji reste une expérience inoubliable qui relie nature, culture et dépassement de soi. Et si ce voyage au cœur du Japon vous donnait l’envie de découvrir d’autres montagnes sacrées du monde, chacune avec ses propres mythes et merveilles ?