Le Japon a-t-il vraiment privatisé le mont Fuji ?
Face à l’afflux croissant de visiteurs et aux risques qui en découlent, les autorités japonaises ont décidé de frapper fort : grimper au sommet de la célèbre montagne coûtera désormais 24 €. Un ticket d’entrée deux fois plus cher que l’an dernier.

Plus de 200 000 visiteurs l’an dernier
Malgré une légère baisse de fréquentation par rapport à 2023 (liée à la mise en place de l'ascension payante), plus de 200 000 personnes ont tenté l’ascension du mont Fuji en 2024, selon les chiffres du ministère de l’Environnement. Un chiffre vertigineux, surtout que le nombre de visiteurs est condensé sur moins de trois mois, entre juillet et septembre.
Ce flux massif de randonneurs pose de nombreux problèmes liés au surtourisme : sentiers saturés, déchets abandonnés, dégradation, accidents en altitude…
Pour Natsuko Sodeyama, responsable dans la région de Shizuoka, la situation nécessite une réponse urgente. « Aucune autre montagne au Japon n’attire autant de monde en si peu de temps », rappelle-t-elle. « On doit penser à la sécurité de tous, grimpeurs comme secouristes. »
Si l’an dernier, l’entrée en vigueur d’une ascension payante avait déjà fait baisser la fréquentation, les autorités locales ont jugé qu’il fallait restreindre davantage pour limiter les dégâts.
Une mesure nécessaire selon les autorités
Face à cette surfréquentation, les autorités locales ont choisi de durcir le ton. Depuis 2024, l’accès au mont Fuji par le sentier Yoshida, le plus populaire des quatre itinéraires vers le sommet, est devenu payant. Et pour la saison 2025, le prix du droit d’entrée doublera : il passera de 12 à 24 euros (soit environ 4 000 yens).
Cette hausse ne devrait pas être profitable à la préfecture, elle vise seulement à limiter les flux et à mieux encadrer les randonneurs, notamment en renforçant la présence de personnel sur les sentiers, en améliorant les infrastructures et en communiquant sur les comportements responsables en montagne.
Un ticket d’entrée à 24 euros controversé
Le mont Fuji n’est pas vraiment privatisé, mais l’instauration d’un droit d’entrée obligatoire marque un tournant symbolique. Si certains considèrent la mesure « logique et protectrice », d’autres y voient une barrière symbolique à l’accès à un patrimoine naturel censé rester libre et universel.
Il est important de rappeler que la préfecture de Yamanashi, qui gère le sentier Yoshida, ne souhaite pas faire du profit, mais bien préserver le mont Fuji, l’un des symboles forts du Japon.
Reste à savoir si cette hausse des tarifs freinera réellement l’engouement, ou si elle inaugurera une nouvelle ère de tourisme plus sélectif, à l’image de nombreux sites naturels dans le monde confrontés au surtourisme. La fontaine de Trévi à Rome pense à instaurer un droit d'entrée également pour limiter la fréquentation