Dormir à Kyoto va coûter (beaucoup) plus cher dès 2026
Face à l'afflux massif de visiteurs, l'ancienne capitale impériale japonaise met en place une taxation progressive sur l'hébergement touristique, une première dans le pays. L’objectif : trouver un équilibre entre accueil des voyageurs et préservation du cadre de vie des habitants.

Une taxation progressive selon le standing des hébergements
Le 3 octobre, le ministère japonais des Affaires intérieures et des Communications a confirmé que la nouvelle taxe de séjour de Kyoto, proposée pour la première fois en mars, entrera en vigueur l’année prochaine. Cette mesure remplacera le système actuel, plafonné à 1 000 yens (environ 6 €) par nuitée depuis 2018, jugé désormais insuffisant face à la hausse continue du tourisme.
Le nouveau barème sera calculé selon le prix des chambres, afin d’instaurer une contribution plus équitable :
- 10 000 yens (environ 62 €) pour les établissements de luxe (+ 100 000 yens / ≈ 620 € par nuit)
- 4 000 yens (≈ 25 €) pour les chambres entre 50 000 et 99 999 yens (≈ 310 € à 620 €)
- 1 000 yens (≈ 6 €) pour la gamme 20 000 à 49 999 yens (≈ 125 € à 310 €)
- 400 yens (≈ 2,5 €) pour les hébergements de 6 000 à 19 999 yens (≈ 40 € à 125 €)
- 200 yens (≈ 1,25 €) pour les nuitées inférieures à 6 000 yens (≈ 40 €)
Kyoto devient ainsi la première ville du Japon à adopter un système aussi détaillé, inspiré des pratiques déjà observées dans plusieurs métropoles européennes confrontées aux mêmes problématiques de surtourisme.
Un doublement des recettes attendu
Les autorités locales prévoient que cette révision fasse grimper les recettes issues de la taxe de séjour de 5,2 à 12,6 milliards de yens par an (soit environ 32 à 79 millions d’euros). Ces fonds serviront en priorité à renforcer la gestion du tourisme : entretien des sites historiques, amélioration des transports publics et campagnes de sensibilisation au respect des lieux sacrés.
Une partie des revenus sera également consacrée à la mise à niveau des infrastructures urbaines, notamment dans les quartiers les plus fréquentés comme Gion ou Arashiyama, où les riverains dénoncent une hausse du bruit et de la congestion depuis la reprise post-pandémie.
Le défi croissant du tourisme de masse au Japon
L’archipel a accueilli près de 37 millions de visiteurs étrangers en 2024, un niveau jamais atteint, en hausse de 15,6 % par rapport au précédent record de 2019. À Kyoto, la fréquentation dépasse déjà la capacité d’accueil de certains temples et jardins, obligeant les autorités à instaurer des files d’attente ou des réservations anticipées.
Comme au mont Fuji, où la surfréquentation provoque érosion et déchets, la question du tourisme durable devient cruciale. Les pouvoirs publics espèrent que la taxe progressive aidera à mieux réguler les flux sans décourager les voyageurs.
Une mesure d’équilibre entre attractivité et durabilité
Selon les spécialistes du secteur, cette réforme n’a pas pour but de pénaliser les visiteurs mais de rendre le tourisme plus soutenable. Les recettes seront réinvesties dans la conservation du patrimoine et le bien-être des habitants, tout en maintenant l’image d’une ville ouverte et accueillante.
Kyoto, joyau culturel du Japon, cherche ainsi à préserver son authenticité face à la mondialisation du tourisme, un pari délicat mais nécessaire pour que ses ruelles, ses temples et ses traditions continuent d’émerveiller les générations à venir.