Ce qu’a vu l’hôtesse dans l’avion a mis fin à la carrière d’un pilier du football japonais

Actu Par Laure A. -

L’affaire a provoqué la stupeur dans le monde du football japonais. Masanaga Kageyama, figure respectée de la Fédération japonaise de football (JFA), a été reconnu coupable par la justice française de détention d’images pédopornographiques. Le tribunal de Bobigny l’a condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, assortis d’une amende et de lourdes interdictions. L’incident, survenu lors d’un vol international, a brutalement mis fin à la carrière d’un homme jusque-là considéré comme un pilier du développement du football nippon.

Fédération japonaise de football

Un vol Air France qui vire à l’enquête

Le 12 mars dernier, le calme feutré d’un vol Air France en provenance de Tokyo a été troublé par une scène inattendue. En classe affaires, un passager attire l’attention du personnel navigant. À plusieurs reprises, les hôtesses remarquent que l’homme, absorbé par son écran d’ordinateur, consulte des images suspectes. Intriguées, elles alertent le chef de cabine, qui décide d’en référer au commandant de bord.

Le passager en question, Masanaga Kageyama, directeur technique de la Fédération japonaise de football (Japan football association, JFA), voyageait du Japon vers le Chili avec une escale prévue à Paris. Lorsque l’équipage l’interpelle, il tente d’expliquer qu’il s’agit de simples “créations artistiques générées par intelligence artificielle, un argument que les autorités françaises jugeront plus tard irrecevable. À l’atterrissage à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, la police aux frontières intervient et procède à son interpellation.

Une condamnation exemplaire prononcée à Bobigny

Présenté devant le tribunal de Bobigny, Kageyama a reconnu les faits sans chercher à les nier. Il a toutefois affirmé “ne pas avoir conscience du caractère illégal de ces images en France”. Une défense jugée peu convaincante par la cour, qui a estimé que la gravité du contenu et la position de responsabilité de l’accusé justifiaient une condamnation ferme, même assortie d’un sursis.

La sentence comprend 18 mois de prison avec sursis et une amende de 5 000 euros. Le tribunal a également prononcé plusieurs interdictions :

  • Exercer toute activité en lien avec des mineurs pendant 10 ans ;
  • Accéder au territoire français sur la même durée ;
  • Inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAISV).

Une décision saluée par les associations de protection de l’enfance, qui y voient un signal fort envoyé au monde du sport international, souvent critiqué pour son manque de fermeté dans de tels cas.

La chute d’une figure du football japonais

Âgé de 58 ans, Masanaga Kageyama n’était pas un inconnu dans le paysage sportif du Japon. Ancien joueur professionnel de J-League reconverti en entraîneur, il avait dirigé plusieurs sélections nationales de jeunes (U18, U19 et U20) avant de prendre la tête de la direction technique de la JFA. Il incarnait alors la rigueur et la pédagogie du football japonais, un modèle de discipline salué au-delà des frontières.

Mais en l’espace de quelques heures, tout s’est effondré. Dès la révélation de l’affaire, la Fédération japonaise a annoncé la résiliation immédiate de son contrat et exprimé ses “profonds regrets” dans un communiqué officiel. Les médias nippons, habituellement mesurés, ont largement relayé l’information, la qualifiant d’“affaire embarrassante” pour une institution qui se veut exemplaire, notamment dans la formation des jeunes athlètes.

Un scandale qui ébranle la réputation du football nippon

Au-delà du cas individuel, cette affaire met en lumière la responsabilité morale des dirigeants sportifs. Au Japon, où la Fédération de football mène depuis plusieurs années une politique ambitieuse d’éducation et de prévention auprès des jeunes, la nouvelle a provoqué un malaise profond. Les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux, oscillant entre incompréhension et colère.

L’ancien directeur technique, désormais banni de tout poste officiel, a quitté la France après sa libération, mais le retentissement de l’affaire dépasse largement les frontières de l’Hexagone. Pour beaucoup, cette condamnation rappelle que la notoriété et la réussite professionnelle n’exemptent jamais de la loi, surtout lorsqu’il s’agit de la protection des plus vulnérables.