35 °C en plein automne au Japon : l’été refuse de mourir

Actu Par Laure A. -

En plein cœur de l’automne, alors que les érables commencent à rougir sur les pentes du mont Kirishima, le thermomètre, lui, s’est emballé. Le dimanche 13 octobre 2025, la ville de Kimotsuki, dans la préfecture de Kagoshima, a enregistré une température de 35 °C : un record absolu pour une date aussi tardive au Japon. Jamais auparavant la barre des 35 °C n’avait été franchie aussi tard dans l’année, selon l’Agence météorologique japonaise.

Japon automne chaleur record

Un été qui refuse de finir

Alors que le pays s’attendait à des journées plus fraîches, un puissant système de haute pression atmosphérique a recouvert la moitié ouest de l’archipel. Résultat : un ciel limpide, un soleil éclatant, et une chaleur étouffante digne du mois d’août. Au total, 142 stations météorologiques du pays ont enregistré des températures supérieures à 30 °C, dont plusieurs ont battu des records mensuels d’octobre.

Dans la petite ville de Kimotsuki, située sur la péninsule d’Ōsumi, les habitants ont vu le thermomètre grimper au fil de la journée sans jamais redescendre. On n’avait jamais vu ça ici, même nos anciens en parlent avec stupeur, confiait un habitant à la télévision locale. L’air semblait suspendu, dense, comme si l’été refusait obstinément de céder la place à l’automne.

2025, une année hors normes

Ce nouvel épisode de chaleur tardive s’inscrit dans une année exceptionnelle pour le Japon, marquée par une série de vagues caniculaires d’une intensité inédite. De juin à août, le pays a connu son été le plus chaud depuis le début des relevés, avec une température moyenne dépassant largement les normales saisonnières. Dans certaines régions, comme la préfecture de Gunma, le mercure a atteint les 41,8 °C, égalant le record national historique.

Même Tokyo, habituée à ses étés humides, a suffoqué : dix jours consécutifs à plus de 35 °C ont épuisé les habitants, contraints de vivre sous un dôme de chaleur persistante. Et alors que l’automne devait apporter un répit, la nature semble avoir décidé de prolonger la fournaise.

Un pays en première ligne face au réchauffement climatique

Le Japon fait partie des pays les plus exposés aux conséquences du changement climatique : augmentation des températures, épisodes de pluies diluviennes, typhons plus violents et dérèglement des saisons. Ce record d’octobre illustre à quel point les frontières climatiques se brouillent. Les scientifiques alertent depuis plusieurs années sur cette “tropicalisation” du climat japonais, qui menace autant la santé publique que les écosystèmes locaux.

Les autorités ont d’ailleurs multiplié les mises en garde, rappelant les gestes de prévention même hors saison estivale : s’hydrater régulièrement, éviter les sorties prolongées et surveiller les personnes âgées, particulièrement vulnérables aux coups de chaleur. Car la chaleur automnale, moins attendue, surprend et fatigue davantage les organismes.

Quand les saisons s’effacent

L’automne japonais, habituellement synonyme de fraîcheur, de récoltes et de paysages flamboyants, s’efface lentement devant un climat plus incertain. Voir 35 °C en octobre n’est plus un simple événement météorologique : c’est le signe tangible d’un bouleversement profond. Dans les campagnes de Kyushu comme dans les mégapoles de Honshu, beaucoup s’interrogent : que restera-t-il des quatre saisons japonaises si la chaleur continue de gagner du terrain ?

Le record de Kimotsuki, au-delà des chiffres, marque un tournant symbolique. Un rappel brutal que le Japon, comme tant d’autres nations, est désormais entré dans une ère où l’automne peut brûler comme un été. Et où le temps lui-même semble avoir perdu ses repères.