Qui est le mini-Trump ? L’homme politique le plus en vogue du Japon
Sohei Kamiya, surnommé le « mini-Trump » japonais, bouscule la scène politique nipponne. Avec son parti Sanseito, il mêle nationalisme, discours anti-immigration et critique des élites. Passé en quelques mois du statut de marginal à celui d’acteur incontournable, il incarne une nouvelle vague populiste au Japon.

Sohei Kamiya, un politique qui s’inspire de Trump
Manches retroussées, micro à la main, perché sur un camion de campagne au cœur de la capitale du Japon : Sohei Kamiya n’est pas passé inaperçu lors des dernières élections à la Chambre haute. Avec ses discours directs et son slogan Japon d’abord
, le quadragénaire s’est taillé une réputation de trumpiste, rappelant par son style et sa stratégie son modèle revendiqué : Donald Trump. Applaudi par ses partisans et conspué par ses détracteurs, il divise mais ne laisse personne indifférent.
À la tête du Sanseito (traduction le parti de la participation politique
), Kamiya revendique un rôle de rassembleur pour ceux qui ne se reconnaissent plus dans les élites de Tokyo
. Mais derrière ce discours participatif se cache un programme résolument nationaliste, hostile à l’immigration et critique envers les capitaux étrangers. Ses adversaires y voient un mouvement d’extrême droite, une étiquette qu’il rejette fermement préférant se présenter comme le défenseur d’un Japon autonome et souverain.
Du parti marginal au succès électoral
Il y a encore peu, Sanseito n’était qu’une petite formation reléguée aux marges de la politique japonaise, avec un seul siège au Parlement. Tout a basculé lors des élections de juillet dernier : le parti a décroché 15 sièges, devenant ainsi une force incontournable de la Chambre haute. Un résultat spectaculaire qui traduit le malaise d’une partie de l’électorat, en quête d’alternatives face au Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir depuis des décennies.
L’immigration au centre du débat
L’immigration est devenue le sujet préféré du discours de Sanseito. Le Japon, dont la population vieillit et diminue rapidement a fait appel ces dernières années à une main-d’œuvre étrangère en provenance d’Asie du Sud-Est. En 2023, près de 4 millions de résidents étaient nés à l’étranger (un chiffre encore faible comparé à d’autres grandes économies, mais inédit pour un pays longtemps fermé).
Pour Kamiya, ce tournant démographique est inquiétant. Il avertit qu’au rythme actuel, les étrangers pourraient représenter 10 % de la population japonaise d’ici dix ans, une perspective qu’il décrit comme un danger pour l’originalité et le charme du Japon. Un discours alarmiste qui séduit une frange croissante d’électeurs, inquiets de voir leur société changer trop vite.
Une ascension préoccupante pour certains
L’ascension fulgurante de Sohei Kamiya et du Sanseito témoigne d’un glissement du débat politique japonais vers des thématiques identitaires et nationalistes. Comme Trump aux États-Unis, Kamiya a su transformer son image de provocateur marginal en figure centrale, capable de capter la colère et les frustrations de l’opinion. Reste à voir si ce mini-Trump parviendra à transformer son succès électoral en véritable influence durable, dans un Japon en pleine mutation et marqué par la démission du Premier ministre actuel Shigeru Ishiba.