Victoire choc au Japon : comment 37 millions de touristes ont propulsé l'extrême droite au pouvoir
Dimanche dernier, une victoire politique a secoué le Japon : le parti d’extrême droite Sanseito, jusque-là marginal, a remporté 15 sièges lors des dernières élections. Ce mouvement d’extrême droite est aujourd’hui un acteur de poids. Une performance qui surprend, mais surtout qui questionne. Comment expliquer cette percée fulgurante ? Le tourisme serait pointé du doigt.

Le slogan « Le Japon d’abord » fait un carton
Porté par le slogan « Le Japon d’abord », Sanseito reprend les codes du populisme international, à l’image du « America First » de Donald Trump. Rien de neuf, mais un discours nationaliste, centré sur l’identité japonaise et la souveraineté du pays. Des paroles qui séduisent une partie croissante de l’électorat, en particulier ceux qui se sentent délaissés par les partis traditionnels.
Le Premier ministre Shigeru Ishiba, à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), traverse une période de turbulences. Sa coalition vient de perdre la majorité à la chambre haute, après avoir cédé la chambre basse un an plus tôt. Dans les rangs du PLD, les voix réclamant son départ se font désormais entendre.
Les touristes pointés du doigt
Le tourisme explique en partie cette montée de l’extrême droite. Les Japonais sont excédés par le surtourisme et le comportement de certains.
Avec un yen faible, le Japon est devenu une destination prisée, attirant près de 37 millions de visiteurs en 2024, un record. Si le gouvernement actuel se réjouit d’un tel engouement, les habitants sont moins enthousiastes.
Ils dénoncent les incivilités croissantes de certains touristes, notamment sur des sites sacrés ou historiques. L’an dernier, un Américain a été arrêté pour avoir vandalisé une porte du sanctuaire Meiji Jingu à Tokyo. Pour beaucoup, ces incidents symbolisent un manque de respect envers la culture locale.
La crise du riz favorise également la montée du tourisme
Au-delà du tourisme, c’est le malaise économique qui nourrit la défiance. L’inflation pèse lourd sur les ménages japonais. Le riz, aliment de base, voit son prix grimper en flèche : un sac de 5 kg dépasse aujourd’hui les 4 000 yens, soit près de 30 euros.
Les chaînes de télévision diffusent régulièrement des images de files d’attente devant les supermarchés, où les consommateurs guettent les promotions. La peur s’installe dans les foyers et cela contribue aussi à la percée de l’extrême droite.
C’est dans ce contexte que Sanseito trouve sa place et que son discours résonne au Japon. Certaines mesures sont mises en place pour freiner le surtourisme.