Cette pratique choque les touristes au Japon : “on nous fait payer 1 100 yens de plus”
Au Japon, les files d’attente devant les temples, les gares saturées et les quartiers transformés d’une réalité : le pays n’a jamais accueilli autant de touristes. Avec plus de 36 millions de visiteurs enregistrés en 2024, le tourisme bat des records. Mais derrière cette réussite se cache une pratique qui fait grincer des dents : la tarification à deux vitesses.

Une tendance croissante
Le principe est simple : un prix pour les Japonais et résidents, un autre plus élevé pour les visiteurs étrangers. Popularisée par Katana Marketing, la société dirigée par Morioka Tsuyoshi, cette stratégie repose sur un constat, les touristes dépensent environ trois fois plus que les locaux. Dès lors, pourquoi ne pas adapter les tarifs en fonction de cette capacité de dépense ?
Si les parcs à thème ont depuis longtemps l’habitude de calibrer leurs tarifs en fonction de la demande, l’extension de cette logique à la restauration se multiplie. Sur Tabelog, le plus grand site d’avis et de réservation de restaurants du pays, les utilisateurs étrangers doivent payer 440 yens par personne lors de la réservation, une condition qui ne concerne pas les Japonais. La plateforme justifie cette taxe ainsi : il faut couvrir des frais de transaction plus élevés liés aux cartes internationales.
L’exemple le plus commenté reste celui de Tamatebako, un buffet de fruits de mer de Shibuya. Son propriétaire facture 1 100 yens supplémentaires aux touristes étrangers pour son menu à volonté. Pour distinguer clients locaux et visiteurs, le restaurant peut aller jusqu’à vérifier le niveau de japonais ou demander une carte de séjour.
Pourquoi parle-t-on de tarification à deux vitesses au Japon ?
La pratique n’est pas nouvelle au Japon mais elle devient plus visible et plus assumée. La chute du yen a transformé l’archipel en destination « bon marché » pour les voyageurs occidentaux. Ce qui paraît normal à Paris ou New York devient presque dérisoire à Tokyo : un café à 400 yens (environ 2,50 €) ou un dîner omakase de qualité pour 12 000 yens (moins de 80 €).
Cet écart de pouvoir d’achat alimente une inquiétude pour les habitants qui ont peur de ne plus pouvoir consommer. Sans tarification différenciée, les commerçants pourraient être tentés de gonfler leurs prix pour suivre la demande touristique, rendant certains quartiers inaccessibles aux Japonais. La tarification à deux vitesses apparaît alors comme un outil de régulation, une manière de préserver un équilibre entre économie touristique florissante et vie locale.
Si la politique de la tarification à deux vitesses alimente les débats, elle reste une solution au moins à court terme pour le pays.