Derrière la réussite scolaire japonaise, un système qui broie ses enseignants
Dans l'archipel nippon, le corps enseignant fait face à des conditions de travail particulièrement difficiles. Une récente étude internationale met en lumière l'ampleur de cette situation préoccupante.

Des heures de travail record au niveau international
Selon la dernière enquête internationale sur l'enseignement et l'apprentissage publiée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 7 octobre, les professeurs japonais détiennent un triste record. Ils travaillent davantage que tous leurs homologues des autres pays étudiés.
Les chiffres révèlent une réalité alarmante : 52 heures hebdomadaires pour les enseignants du primaire et jusqu'à 55 heures pour ceux exerçant au collège. Bien que ces statistiques aient diminué d'environ 10% depuis l'étude précédente de 2018, elles demeurent les plus élevées du monde parmi les 55 pays et régions participants.
Cette charge de travail dépasse significativement les moyennes internationales. D'après les informations disponibles, l'écart s'élève à plus de dix heures par semaine par rapport à la moyenne calculée par l'OCDE.
Un phénomène récurrent dans le système éducatif nippon
La problématique des conditions de travail difficiles dans l'enseignement public japonais n'est pas nouvelle. Ce sujet revient régulièrement dans les médias locaux et internationaux, tel un serpent de mer impossible à ignorer.
Les enseignants japonais font face à plusieurs défis quotidiens :
- Des journées de travail interminables souvent prolongées en soirée
- Une rémunération peu attractive par rapport à l'investissement demandé
- Des tâches administratives nombreuses s'ajoutant à la mission d'enseignement
- Une pression sociale et institutionnelle forte
Les conséquences d'une surcharge professionnelle
Cette situation de surmenage chronique n'est pas sans conséquences sur la santé physique et mentale des enseignants. De nombreux professeurs japonais rapportent des symptômes d'épuisement professionnel et de stress.
Le phénomène touche l'ensemble du système éducatif public, des écoles primaires jusqu'au niveau collège. Cette pression constante contribue également à une crise des vocations dans le secteur de l'enseignement japonais, de plus en plus de jeunes diplômés se détournant de cette profession malgré son prestige traditionnel.
Des tentatives de réformes encore insuffisantes
Face à ce constat, les autorités japonaises ont commencé à mettre en place certaines mesures pour alléger la charge de travail des enseignants. La légère baisse de 10% des heures travaillées depuis 2018 pourrait témoigner d'un début d'amélioration.
Cependant, les spécialistes de l'éducation estiment que ces efforts restent insuffisants face à l'ampleur du problème. Une réforme structurelle plus profonde du système éducatif japonais semble nécessaire pour résoudre durablement cette crise.
Le modèle éducatif japonais, longtemps vanté pour ses résultats académiques, montre aujourd'hui ses limites lorsqu'il s'agit de préserver le bien-être de ceux qui en sont les principaux artisans.