L’armée japonaise déployée contre… des ours ? Le pays vit une situation inédite

Actu Par Thomas V. -

Le Japon fait face à une crise inédite. Alors que le nombre d’attaques d’ours atteint un niveau record cette année, le ministère de la Défense a annoncé l’envoi de troupes dans les régions les plus touchées pour installer des pièges et sécuriser les habitants.

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Plus de 100 blessés par des attaques d'ours

L’automne s’est transformé en période de peur et de tension dans plusieurs régions du pays. Les témoignages se multiplient : ours repérés dans des supermarchés, attaques d’agriculteurs isolés, intrusion dans des stations thermales. Selon les autorités, plus de 100 personnes ont été blessées depuis le début de l’année, et au moins 11 ont perdu la vie (un chiffre jamais atteint jusqu’ici).

Pour répondre à ces attaques d'ours, l’armée sera déployée dans la préfecture d’Akita, au nord du pays. Les soldats auront pour mission d’aider à poser des pièges et à gérer les carcasses d’animaux, sans toutefois participer directement à leur abattage, une tâche réservée aux chasseurs locaux. La peur s’installe dans la population, a reconnu le ministre de la Défense, Shinjiro Koizumi, lors d’une conférence de presse. Dans certaines régions, il est devenu normal de croiser un ours sur le chemin du travail.

Le climat et l’exode rural pointés du doigt

Les scientifiques attribuent cette recrudescence à un ensemble de facteurs écologiques et sociaux. Le changement climatique a modifié les cycles de fructification des arbres, privant les ours de leurs ressources alimentaires habituelles comme les faînes. Affamés, ils descendent désormais vers les zones habitées.

Le vieillissement et la désertification des campagnes aggravent la situation : des villages autrefois animés sont aujourd’hui presque vides, laissant place à une nature qui reprend ses droits. L’ours noir d’Asie et l’ours brun, dont les populations semblent en hausse, s’aventurent même jusqu’aux abords de Tokyo. Ces dernières semaines, plusieurs incidents spectaculaires ont été recensés : des ours ont fracturé les portes d’une école, traversé des voies ferrées et attaqué un touriste à un arrêt de bus.

L’armée à la rescousse, mais avec précaution

Ce n’est pas la première fois que le Japon mobilise son armée pour gérer la faune. Déjà, les Forces d’autodéfense étaient intervenues pour contenir la surpopulation de cerfs à Hokkaido. Cette fois, elles joueront un rôle logistique : transporter les carcasses, installer les pièges, coordonner les opérations avec les autorités locales.

Nous devons agir sans pour autant détourner l’armée de ses missions essentielles, a insisté M. Koizumi. Entre urgence écologique, défi sécuritaire et peur grandissante, le Japon fait face à un dilemme inédit : apprendre à cohabiter avec un prédateur qui ne cesse de se rapprocher.