Au Japon, 450 écoles ferment par an mais une designer a peut-être trouvé la solution
Chaque année, environ 450 écoles ferment leurs portes au Japon. Victimes d’un exode rural massif et d’un déclin démographique sans précédent, les autorités cherchent des solutions. Certaines de ces bâtisses désertées trouvent aujourd’hui une seconde vie : elles se transforment en auberges atypiques, porteuses d’espoir pour des campagnes en quête de renouveau.

Une réponse locale à une crise nationale
Le Japon fait face à un double défi : un vieillissement rapide de sa population et un taux de natalité parmi les plus bas au monde. Résultat, le pays perd près de 900 000 habitants chaque année. Dans les zones rurales, les jeunes quittent les campagnes pour les grandes métropoles, et les écoles ferment les unes après les autres. Une tendance qui rend encore plus aberrante les mouvements anti jeunesse comme les "no kids".
Face à cette désertification, certaines municipalités cherchent à faire renaître leur territoire. L’une des solutions les plus originales ? Transformer ces anciens établissements scolaires en lieux d’accueil touristiques. C’est ainsi qu’est né Hare to Ke, une auberge nichée dans une ancienne école primaire de la ville de Miyoshi, dans la région montagneuse de Tokushima.
L’idée d’un designer : aménager les écoles
À Hare to Ke, on ne fait pas qu’y dormir. On s’y ressource. Le nom lui-même reflète une philosophie profondément japonaise : « hare », pour les jours de fête ; « ke », pour la vie quotidienne. Une manière d’inviter les visiteurs à retrouver un équilibre entre stimulation et simplicité. Peut-être une étape à ajouter dans un itinéraire de voyage alternatifs et authentiques.
Le site conserve le charme de l’école d’origine, tout en y ajoutant des éléments de confort et de bien-être. Le sauna, en particulier, attire les curieux. Mari Azumi, une cliente ravie de son séjour, a décrit l’expérience :
« On respire le parfum apaisant des herbes, les yeux posés sur la forêt. Puis on plonge dans l’eau fraîche des montagnes. C’est comme renaître. »
Derrière ce projet se cache la designer tokyoïte Shuko Uemoto. Lors d’un séjour à Miyoshi en 2014, elle est tombée sous le charme du lieu et a constaté que l’air pur avait même soulagé l’asthme de son fils. Marquée par cette expérience, elle a répondu à un appel à projets local visant à redonner vie aux infrastructures abandonnées.
C’est en visitant l’ancienne école primaire Deai qu’elle a eu un déclic.
« Cet endroit avait une âme, mais il était oublié. Aujourd’hui, les habitants y retrouvent un sentiment de fierté. C’est devenu un lieu de lien, où les locaux croisent les voyageurs. »
Au-delà de l’hébergement, ces projets incarnent une nouvelle manière de revitaliser les territoires : en mêlant patrimoine, nature et hospitalité. Un modèle qui, sans résoudre à lui seul la crise démographique japonaise, tente d’y apporter une réponse durable à cette crise.