Pourquoi le manteau blanc du mont Fuji arrive de plus en plus tard chaque année

Actu Par Thomas V. -

Après un été torride et un automne qui s’attardait, le mont Fuji a enfin revêtu son manteau blanc. Ce spectacle tant attendu, visible depuis la ville de Kofu, rappelle à quel point le rythme des saisons semble aujourd’hui bousculé. Les Japonais, attachés à cette montagne sacrée, y voient à la fois un signe de beauté et un rappel des bouleversements climatiques en cours.

mont fuji automne neige

De la neige plus tard que prévu au sommet du mont Fuji

Il aura fallu attendre jusqu’à jeudi pour que la neige se dépose enfin sur le sommet du mont Fuji, soit 21 jours plus tard que la moyenne habituelle. D’ordinaire, la montagne la plus haute du Japon (3 776 mètres) blanchit dès le début du mois d’octobre.

Selon le bureau météorologique de Kofu, situé à une quarantaine de kilomètres du volcan, une fine couche de neige a été observée à l’aube, après que les températures nocturnes sont descendues en dessous de zéro degré.

Cette première neige, aussi symbolique que fragile, marque une tradition vieille de plus d’un siècle : chaque année, les météorologues de Kofu annoncent l’apparition du manteau blanc dès qu’il devient visible depuis leur poste d’observation.

Mais cette fois, la magie de l’hiver s’est fait attendre. L’an passé déjà, le mont Fuji n’avait connu sa première neige que le 7 novembre, la date la plus tardive enregistrée depuis le début des observations, en 1894. Cette année, bien qu’un peu plus précoce, la neige arrive encore avec un net retard.

Les experts soulignent que cette lenteur à retrouver les paysages hivernaux s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un réchauffement global qui modifie la cadence des saisons et perturbe les repères météorologiques du pays.

Les météorologues sont inquiets

Les spécialistes du climat tirent la sonnette d’alarme. Depuis plusieurs années, les températures moyennes au sommet du Fuji atteignent des niveaux records, tandis que les précipitations automnales ne suffisent plus à former une couche de neige durable. Le réchauffement climatique n’est plus une hypothèse : il s’observe directement sur les pentes du volcan.

L’été 2024 a d’ailleurs été le plus chaud jamais mesuré au Japon pour la deuxième année consécutive. La température moyenne nationale a dépassé la normale de 2,36 °C, et la ville d’Isesaki, dans la préfecture de Gunma, a même frôlé les 41,8 °C début août.

Pour les météorologues, cette chaleur exceptionnelle retarde la venue de l’hiver et transforme durablement les cycles naturels. Des automnes plus chauds et des hivers plus doux deviennent la norme, même dans les régions montagneuses autrefois épargnées.

Ainsi, si la silhouette enneigée du mont Fuji continue d’émerveiller les Japonais, elle rappelle aussi, silencieusement, la fragilité du climat que nous connaissions encore hier.