Première femme à diriger le Japon, Takaichi va-t-elle tenir tête à Donald Trump ?
Sanae Takaichi s’apprête à vivre son baptême du feu sur la scène internationale. La dirigeante japonaise participera cette semaine au sommet de l’ASEAN en Malaisie, puis à la réunion de l’APEC en Corée du Sud, deux rendez-vous où seront scrutées ses positions conservatrices, désormais mises à l’épreuve du réel. Pour Takaichi, cette tournée diplomatique pourrait bien définir le ton de son mandat.
 
    Une rencontre longtemps attendue
L’histoire de cette rencontre commence bien avant son arrivée au pouvoir. À la fin de 2020, alors simple députée ambitieuse, Takaichi avait révélé avoir reçu une invitation à rencontrer Donald Trump, fraîchement élu président des États-Unis. À l’époque, elle avait décliné, arguant que le Premier ministre en exercice devait être le premier représentant du Japon à s’entretenir avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Je veux mériter ce moment
, avait-elle écrit sur les réseaux sociaux, promettant de travailler dur pour atteindre un jour ce statut.
Cinq ans plus tard, ce jour est enfin arrivé. Alors que Donald Trump s’envole vers l’Asie pour sa première tournée officielle depuis son retour au pouvoir, la rencontre entre les deux dirigeants symbolise autant un aboutissement qu’un test.
Trump, séduit par la cheffe japonaise
Depuis Air Force One, le président américain n’a pas tari d’éloges. C’est une femme formidable, très amicale
, a-t-il confié aux journalistes après un entretien téléphonique chaleureux
 avec Takaichi. De son côté, la Première ministre s’est gardée de tout commentaire public, mais ses conseillers la disent déterminée à défendre les intérêts du Japon avec fermeté et respect
.
Les enjeux de ce face-à-face sont considérables. L’alliance américano-japonaise, pilier de la sécurité en Asie, repose sur un équilibre délicat : Washington réclame une hausse des dépenses militaires japonaises, tandis que Tokyo craint un désengagement américain progressif dans la région indopacifique.
Au programme des discussions : tarifs douaniers, sécurité régionale et partage du fardeau de la défense. Pour Takaichi, qui n’a encore jamais affronté un tel niveau de pression diplomatique, la tâche est redoutable.
Une équation politique délicate
Sur le front intérieur, la Première ministre reste populaire : 71 % des Japonais approuvent son action. Mais son parti, le PLD, est affaibli par des scandales de corruption et des divisions internes. Une prestation réussie à l’étranger pourrait consolider son autorité ou, au contraire, révéler ses limites.
Dans les prochains jours, Takaichi jouera bien plus qu’un rôle de chef d’État : elle devra convaincre qu’elle incarne une nouvelle voix japonaise, à la fois fière, moderne et capable de tenir tête aux puissants.
 
                     
 
 
