Vous connaissez le matcha ? Cette feuille va peut-être finir par détrôner le thé au Japon
Difficile de dire qui a lancé la vague mondiale du matcha. Mais une chose est sûre, cette poudre verte a conquis les cafés, les réseaux sociaux et les cuisines du monde entier. Au Japon, la demande explose au point de dépasser parfois l’offre, en particulier pour les crus d’exception. Certains craignent même qu’il ne remplace le thé.

Un marché qui explose
À la différence du sencha, le thé vert le plus courant au Japon, le matcha est issu de feuilles cultivées à l’ombre puis réduites en une poudre ultrafine grâce à des moulins en pierre. Ce procédé exige du temps et un savoir-faire particulier. C’est pour cette raison que les cultivateurs hésitent à abandonner leurs plantations de thé classique malgré la forte demande en matcha. Ils redoutent également que l’engouement ne s’essouffle.
Pour encourager la transition, le ministère japonais de l’Agriculture soutient activement les producteurs avec des aides financières, des équipements modernes et en délivrant des conseils techniques.
L’objectif est clair, transformer le matcha en un emblème durable de la culture japonaise au même titre que le thé.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. En dix ans, les exportations de thé japonais ont plus que doublé. Les États-Unis représentent désormais près d’un tiers des ventes, et le matcha tire largement cette croissance.
Un problème existe malgré tout, la main-d’œuvre agricole vieillit et de moins en moins de jeunes reprennent les exploitations. Une pénurie pourrait ainsi accentuer la tension sur l’offre et faire exploser les prix (comme pour le riz !).
Quel avenir pour le matcha ?
Le matcha a un bel avenir devant lui selon les spécialistes. Son succès réside dans sa polyvalence, on le retrouve dans les lattes, les pâtisseries, les glaces ou encore les cocktails. L’essor de la culture du bien-être et l’intérêt croissant pour le Japon expliquent beaucoup
, confie un membre de la maison Tokyo Handa-en une boutique centenaire. Pour éviter les ruptures, la société limite même la vente à une boîte par client.
Mais tout le monde n’est pas aussi optimiste. Anna Poian, cofondatrice de la Global Japanese Tea Association, s’inquiète de l’usage parfois abusif du matcha haut de gamme. Pour les lattes, on utilise souvent des quantités importantes de thé d’exception. C’est un gâchis
, regrette-t-elle. Selon elle, le matcha de meilleure qualité devrait rester réservé à sa dégustation traditionnelle, simplement mélangé à de l’eau chaude, afin d’honorer toute la complexité de ses arômes. Une chose est sûre, le macha est en pleine expansion, comme en témoigne le risque de pénurie depuis le début de l’année.